TON TEMPS VIENDRA

Sr. Valeriana Poletto

Facebooktwitterredditpinterestlinkedinmail

Ce qui avait fasci­né yeux et cœur d’adolescente, jusqu’à me faire décider d’en­trer parmi les Filles de Saint Paul à 14 ans seu­lement, a été un court-métrage qui montrait sœurs et jeunes filles travailler aux machines à imprimer.

Et, juste avec ces machines, j’ai commen­cé l’apostolat paulinien, dans la grande com­munauté d’Alba.

Passés avec enthousiasme les ans de formation, j’ai découvert qu’il n’y avait pas seulement les machines à imprimer, mais aussi d’autres expressions et instruments d’apostolat. M’attirait la propagande et j’at­tendais avec anxiété qu’arrive mon temps pour prendre le vol et porter moi-même la Bonne Nouvelle dans les paroisses, dans les maisons, dans les écoles, en chaque mi­lieu de vie.

Faite la prise d’habit je fus envoyée à Venise et là j’ai eu la possibilité d’exercer ce merveilleux aspect de notre apostolat. Mais avec mon grand regret, après trois mois je fus rappelée à Alba parce que la sœur char­gée de l’imprimerie était malade. Je me suis dit: “Patience, ce sera pour après le novi­ciat!” Délusion, crise…

Le jour après la profession, pendant que l’on saluait Maestra Nazarena, notre formatrice, qui partait pour la Sardaigne, sr Fatima Malloci dit: «Maestra Nazarena, vous ne dites rien à Valeriana?». Elle me fixa et répondit: «Toi demain soir tu parts pour Alba».

Je l’ai regardée bouleversée, puis je me suis cachée derrière la porte des escaliers et j’ai pleuré toutes mes larmes. Cette souf­france pour le renoncement à la propagande je l’ai portée à l’intérieur de moi-même pour trois ans, jusqu’à quand Maestra Cecilia Ca­labresi me dit avec décision: «Arrête-toi, ce­lui-ci est ton apostolat!».

Même un autre évènement me fit fina­lement comprendre que le Seigneur me voulait dans l’apostolat technique. Maestra Amalia Peyrolo était venue en visite à Alba et, rencontrant la communauté, elle commu­niqua que quelques sœurs seraient allées en mission.

Je senti se réveiller en moi le grand désir de sortit, sortir, sortir… Je me suis levée et lui dis: «Mais est-il possible que plusieurs vont en mission et moi je dois rester tou­jours ici?». Elle me regarda avec un visage sérieux et affirma: «Tu resteras ici jusqu’à soixante-dix ans». Déçue, j’ai dit à moi-même: “Ça suffit! Ne demande plus. Tais-toi pour toujours”.

Après quelques temps, vint à Alba la Pri­ma Maestra Tecla. Quand elle allait prendre la valise pour repartir, je me suis précipitée à sa porte et lui ai demandé: «Prima Maes­tra, quand j’irai en mission?». Maestra Te­cla m’adressa un sourire maternel pendant qu’elle me disait: «Maintenant fais bien ici ton devoir, puis viendra ton temps».

Encore une fois je suis restée déçue. Mais, après quatre ans de sa mort, se réalisa finalement mon rêve missionnaire et je suis partie pour le Congo avec le cœur comblé d’enthousiasme et de désir de porter l’Évan­giles à tous.

Étant restée plusieurs ans à Alba, j’ai eu la grâce de voir plusieurs fois la Prima Maes­tra Tecla et de parler avec elle. Son sourire, sa simplicité, tout son être émanaient amour et confiance.

Merci, Prima Maestra, pour le bien que tu nous as voulu et tu nous veux. Je te sens toujours proche.

Valeriana Poletto, fsp