Narrer c’est Communiquer

Massimiliano Padula

Facebooktwitterredditpinterestlinkedinmail

Narrer, discerner, se renouveler. Avec sur l’arrière-plan et dans le cœur une Histoire d’histoires c’est-à-dire la Sainte Ecriture. Elle s’appuie sur ces trois verbes le sens du Message de Pape François pour la 54ème Journée mondiale des communications sociales, diffusé le 24 janvier 2020 dans le jour de la solennité de Saint François de Sales. Inspiré au passage de l’Exode (10,2) “Pour que tu puisse raconter et fixer dans la mémoire”, le document tourne, ensuite, autour de l’expression qui complète son titre: “la vie se fait histoire”. Une histoire tissée par l’homme qui – comme explique le Pape – est “un être narrant”, parce que, dès le début de sa vie, il se nourrit d’histoires, il en est influencé et orienté.

Mais “pas toutes les histoires sont bonnes” – met en garde François – surtout celles qui alimentent la possession, le consumérisme immodéré, les bavardages, les commérages, la violence et la fausseté. Il s’agit de dérives narratives qui – note le Pontife – au lieu de construire des liens sociaux et tissu culturel, “produisent des histoires destructrices et provocatrices, qui usent et cassent les fils fragiles de la convivialité”.

Bergoglio porte en exemple le deepfake pour expliquer comment les technologies peuvent altérer l’authenticité des contenus et en renverser la compréhension. C’est celui-ci un risque qui déjà le Pape avait porté à l’attention dans le Message de 2018, insistant sur la nécessité d’un “journalisme de paix” capable de contraster les notices fausses et de contribuer à promouvoir une communication faite par des personnes pour les personnes. Personnes auxquelles le successeur de Pierre confie la Sainte Ecriture et le livre de l’Exode dans lequel le “souvenir de Dieu” permet à Israël de se libérer de l’oppression.

C’est celle-ci la force de la mémoire qui lie l’humanité à son passé mais elle permet, en même temps, d’ouvrir les portes du futur à travers le se-renouveler des récits et leur transmission de génération en génération. Mais cette métamorphose projetée au demain ne se limite pas seulement à l’exclusif récit d’histoires. Elle s’incarne en toutes les femmes et les hommes de bonne volonté qui entrent en jeu avec leur vécu et avec le beau (le juste, le vrai) des leurs existences. En ce patrimoine de beauté rentrent sans doute “l’Ecriture, les histoires des saints, et aussi ces textes qui ont su lire l’âme de l’homme et en porter à la lumière la beauté”.

Parce que – conclut le Pape – “quand nous faisons mémoire de l’amour qui nous a créés et sauvés, quand nous mettons amour dans nos histoires quotidiennes, quand nous tissons de miséricorde les trames de nos jours, alors nous tournons [vraiment] page”.

Massimiliano PadulaDocente de Sciences de la Communication sociale
Pontificale Université du Latran, Rome

Allegati