4ème dimanche de Carême 2010

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DE L’EVANGILE SELON LUC

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui: «Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux». Alors Jésus leur dit cette parabole: «Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: “Père, donne‐moi la part d’héritage qui me revient”. Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune, rassembla tout ce qu’il avait et partit pour un pays lointain, où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre.

Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région et il commença à se trouver dans la misère. Il alla s’embaucher chez un homme du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les caroubes que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors, il réfléchit: “Tant d’ouvriers chez mon père ont du pain en en abondance, et moi ici, je meurs de faim! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends‐moi comme l’un de tes ouvriers”. Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié: il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit: “Père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi; Je ne mérite plus d’être appelé ton fils”. Mais le père dit à ses domestiques: Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez‐lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez‐le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé”. Et ils commencèrent la fête. …

APPRENONS A ÊTRE MAL

Une des plus grandes grâces de la vie chrétienne consiste dans le s’apercevoir que l’on est en train de vivre mal. Habituellement on fait cette découverte quand l’existence est déjà allée mal depuis longtemps, de manière souple et sourde, presque souterraine. L’effondrement soft! Le fils cadet de la parabole lucanienne s’aperçoit que les choses ne vont pas bien dans un moment précis: regardant la nourriture qu’il a entre les mains. Caroubes pour porcs. Et alors son esprit a fait une opération de repêchage des choses authentiques: à la maison de papa on mangeait bien, et comment !

Même les domestiques étaient traités comme des seigneurs. Ces caroubes pour les porcs ont ouvert les yeux au fils rebelle. Elles ont été ‘lumière’ pour voir la misère du coeur et ‘paroles’ pour entendre l’annonce d’une possibilité. Etre mal est chose bonne. Faire semblant d’être bien est opération démoniaque. Certes, nous n’entendons pas l’ ‘être mal’ de qui est toujours mal pour faire être mal les autres, de la victime consciente qui se fait bourreau. Nous entendons exactement ce qu’a senti le fils de la parabole: je suis mal parce que je me suis réduit en esclavage, parce que j’ai bradé ma dignité pour survivre en des temps de famine; j’ai quitté un père et j’ai trouvé un patron; je suis parti fils et je me retrouve esclave. Commençant à se dire que l’on s’est réduits ainsi avec ses propres mains, peut‐être on pourra commencer à se lever et marcher vers sa propre dignité de fils et héritiers.

Dans la parabole de Luc revenir à soi mêmes et retourner au Père ce sont des mouvements coïncidents: le Père est ma dignité, revenir à lui veut dire automatiquement se laisser embrasser par l’authentique secret de l’existence personnelle. Alors: il y a un malaise utile et un inutile. Apprenons à être mal ‘bien’ sans illusions ou renvois; arrêtons‐nous, ne renvoyons pas cette conscience avec l’excuse des engagements apostoliques. Chassons loin du coeur cet ‘être mal’ nuisible et inutile fait de rancoeurs, de jalousies, d’attentes irréelles. Apprenons à dire à Dieu: “je suis mal loin de moi et de toi, donne‐moi un coup de main”. Apprenons à dire aux confrères et aux consoeurs: “quelque chose ne va pas. Ecoute‐moi”. Apprenons à être mal ‘bien’, avec espérance et humilité. Ouvrons les yeux aux signes indicateurs des esclavages morbides, invisibles; baissons‐nous sur le champ de notre coeur et comptons les caroubes des porcs. C’est une comptabilité qui récompense. Je garantis de di personne.
don Giuseppe Forlai, igs

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